L’âne de Ameth Ndiaye

Il y a deux jours, mon frère m’a fait lu ma metti! Il m’a dit une chose qui m’a giflée direct:

« Temps yi, yow ag mbaam u Ameth Ndiaye bi yeen a yem! » (Ces temps ci, tu te comportes comme l’âne de Ameth Ndiaye).

J’ai cru avoir mal entendu, bien évidemment.

Du haut de mon droit d’ainesse, et du respect qui m’est dû, je lui ai demandé de répéter. Il l’a fait, mot pour mot, sans cligner des yeux et sans peur ( le respect a foutu le camp) avec un sourire ironique: « Temps yi, yow ag mbaam u Ameth Ndiaye bi yeen a yem! »

Et rajoute en prime: «  Da nga bañ a dem! » ( tu refuses d’avancer)

Je me suis sentie mal. La vérité, je vais pas dire autre chose, ça m’a fait mal.

Vous connaissez l’âne de Ameth Ndiaye (faut vraiment avoir la ref)? Le deuxième âne le plus connu de l’histoire du Senegal après Fary. Ndekke saaga bare na façon!

Ce n’est pas le pire, le pire vient à la réalisation et à l’acceptation qu’il a raison. Il a entièrement raison.

Cela fait des semaines qu’il me voit et m’entend me plaindre tous les jours de l’absence de ci, du manque de cela, des retards, des attentes et des silences. Pendant ce temps rien ne bouge. Ces manques et ces absences me servant de justification pour ne pas avancer sur les videos à produire, les textes à écrire ( ne cherchez pas le lien).

Et son agacement a connu son apogée quand j’ai vu un nouveau trépied et me suis écriée enthousiaste «  c’est celui qu’il me faut pour avancer ».

Sur mon bureau, au moment ou j’écris ces mots, il y a 3 trépieds, 2 supports pour téléphone, un micro professionnel, un micro-cravate deux lumières et cela ne représente même pas les supports professionnels pour le studio.

Ceci pour dire quoi, je suis la première qui commence chacune de mes interventions publiques ou privées avec des personnes qui souhaitent se lancer par:

«  commencez là où vous êtes. Avec ce que vous avez ».

C’est aussi moi qui ai oublié cette leçon aujourd’hui.

Alors rappel à nous toutes et à nous tous.

Ce n’est pas parce qu’on n’a pas de trépied qu’on ne peut pas faire cette video.

Ce n’est pas parce qu’on n’a pas de micro pro qu’on ne peut pas commencer ce podcast

Ce n’est pas parce qu’on n’a pas de maison d’édition qu’on n’écrit pas.

Il n’y a pas attendre que toutes les conditions soient réunies pour avancer.

Parfois, presque toujours, ce n’est pas le matériel qui nous manque, c’est autre chose.

Quand comme moi, vous l’avez perdu, j’espère que vous aurez, vous aussi, quelqu’un comme mon frère pour vous rappeler de ne pas vous comporter comme l’âne de Ameth Ndiaye.

Et que vous alliez chercher vos vraies raisons, ailleurs.

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